Le chauffage au bois, ça pollue ?!

« Le chauffage au bois, ça pollue ?! ». Dans les discussions entre amis ou dans les médias, cette petite phrase est souvent employée à tort et à travers. En réalité, cela dépend.

De quelle pollution parle-t-on ?

Le secteur résidentiel est le premier émetteur des particules fines (appelées PM10, PM2.5 ou encore PM1.0) principalement émises par les systèmes de chauffage. Dans ce contexte, des territoires se mobilisent au travers d’un dispositif d’aide et de sensibilisation appelé Prime Air Bois (PAB).

Cette dernière a pour objectif de réduire l’impact sanitaire du fait de son effet cancérogène pour l’être humain. En 2021, Santé Publique France estimait que ce type de pollution était à l’origine de 40 000 décès par an et un recul de 8 mois d’espérance de vie. Au vu des seuils préconisés par l’Organisme Mondial de la Santé (OMS), 95 % de la population en région Auvergne-Rhône-Alpes est exposée.

Cette Prime Air Bois est le bras armé opérationnel d’un dispositif plus large appelé Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) qui vise entre autre à diminuer les taux d’émissions de particules sur un territoire donné. Ces PPA, couvrent 364 communes iséroises et sont élaborés par le préfet, appuyé par une communauté d’acteurs que sont les collectivités, les acteurs économiques, les associations ou encore de particuliers. Dans ce cadre, l’AGEDEN et l’ALEC ont pris part aux échanges afin d’apporter leur expertise dans la construction des nouvelles feuilles de route.

Mais alors, faut-il bannir le bois ?

Le bois énergie est une source d’énergie importante dans notre département et l’abandonner rendrait encore plus compliqué l’objectif de la neutralité carbone que se sont fixés bon nombre de territoires au travers d’un engagement de devenir un Territoire à Energie POSitive (TEPOS). En Isère, 40 % du bois récolté a pour vocation de fournir de la chaleur. D’un point de vue économique, ¾ de bois récoltés chaque année sont transformés localement et permet ainsi de générer sur l’ensemble de la filière iséroise 8 500 emplois. Cette énergie permet également de contribuer à la lutte contre la précarité énergétique du fait de son coût globalement inférieur aux énergies conventionnelles.

Des prix en forte hausse

Pour l’utilisateur, même si le bois énergie reste moins impacté par les fluctuations du cours des énergies, le prix du granulé n’a pas été épargné cet hiver. Cette importante hausse (prix du sac multiplié par 3 pendant quelques semaines) est dû à un ensemble de facteur que l’association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois (Propellet) a tenté de décrypter : le rythme soutenu de nouvelles installations et l’effet de sur-stockage du consommateur lié à une crainte de pénurie ou d’explosion des autres sources énergétiques (principalement gaz) peut en exprimer partiellement la raison. Les distributeurs et certains producteurs ont dû aller chercher du granulé sur le marché international, tout aussi perturbé que le marché français dû entre autres à la guerre en Ukraine.

Du côté de la bûche, une augmentation beaucoup plus faible a été observée, mais les professionnels craignent une hausse l’hiver prochain. L’autre principal inconvénient du bois énergie reste son utilisation : manutention du combustible (mis à part les chaudières automatiques au granulé de bois), gestion du feu, entretien régulier.

Comment limiter la pollution (et la consommation) ?

Afin de permettre aux utilisateurs d’appareils indépendants à bûche (poêle ou insert) de limiter leur impact, nous les invitons à mettre en place quelques règles :

• S’approvisionner avec du combustible de qualité (passer commande avant l’été permet de finaliser le séchage de ses bûches et obtenir de meilleur prix).
• Réaliser le démarrage de son feu par le haut quand cela est possible : https://www.franceboisbuche.fr/les-essentiels/quest-ce-que-la-methode-dallumage-par-le-haut/
• Bien gérer ses arrivées d’air afin d’optimiser la combustion (l’ensemble du chargement de bois doit être consommé dans les 45 min).
• Recharger sur lits de braises,
• Dé-cendrer régulièrement son appareil
• Effectuer le ramonage (1.5 mm de suie entraîne 6% de consommation supplémentaire).
  Pour être sur d’avoir un créneau cet été, prenez rdv maintenant !
• Faire vérifier son appareil une fois par an par un professionnel afin de garantir la sécurité de son utilisation

Si vous avez une installation vétuste ou si vous voulez diversifier votre mode de chauffage, il est important de veiller à investir dans une installation performante et non surdimensionnée. Pour ce faire, vous pouvez vous aider des annuaires de matériels suivants :

• Flamme Verte : https://www.flammeverte.org/appareils
• Registre ADEME : https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/5478-registre-des-appareils-eligibles-au-fonds-air-bois-non-labelises-flamme-verte.html

Des pros de qualité

Concernant votre professionnel, il est important de solliciter une entreprise certifiée RGE sans quoi aucune aide financière ne pourra vous être accordée. Ce label en constante évolution peut être un critère dans le choix de l’installateur.

Depuis 2015, pour les premiers territoires, une Prime Air Bois accessible sans critères de revenus, a été mise en place, avec pour  objectif  de remplacer les appareils non performants par des installations performantes et sensibiliser tous les utilisateurs aux bonnes pratiques du chauffage au bois. A ce jour, voici les territoires engagés dans cette démarche :

• Vienne Condrieu Agglomération : Prime de 700 à 1 500€
• Bièvre Isère Communauté : Prime de 500€
• Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais : Prime de 600 à 1 000€
• Grenoble Alpes Métropole : Prime de 1 600 à 2 000€
• Communauté de communes Le Grésivaudan : Prime de 1 600 à 2 000€
• Communauté de communes de l’Oisans : Prime de 1 000€

Il est intéressant, avant tout investissement important, de prendre du recul sur ses consommations en mettant en place des actions de sobriété. De plus, ce projet peut s’intégrer également dans le cadre d’une rénovation plus globale ce qui permettrait de votre dépendance aux énergies et améliorer votre confort. Si vous souhaitez être guidé sur vos réflexions d’ordre technique ou financier, n’hésitez pas à contacter nos conseiller·ères Info Energie de l’Isère au 04 76 14 00 10.